VENISEVenise (Venezsia en vénitien, Venezia en italien) est une ville du nord-est de l'Italie et capitale de la région de la Vénétie, dans la plaine du Pô. Siège pendant onze siècles (697-1797) d'un des plus prestigieux États européens, la République de Venise, elle est célèbre pour ses canaux, sa place Saint-Marc, son palais des Doges ainsi que son carnaval. Venise compte 268 934 habitants fin 2006.
Venise et sa lagune sont inscrites u patrimoine mondial de l'UNESCO.
Histoire La région à l'extrémité nord-ouest de la mer Adriatique, où se jettent plusieurs fleuves issus des Alpes, est habitée dès l'Antiquité par des pêcheurs, mariniers et sauniers. Cette zone faisait partie de la région X créée par Auguste ; Aquilée — sur la terre ferme — était le centre religieux et portuaire important.
Les invasions des Goths d'Alaric Ier et des Huns d'Attila poussent les populations locales à se réfugier dans les îles des marais situés le long de la mer Adriatique, près du delta du Pô. En 452, un premier établissement est fondé par des réfugiés de Padoue et d'Aquilée. La région fut intégrée, par la suite, au royaume des Ostrogoths puis reconquise avec le reste de l'Italie par l'Empire romain d'orient sous Justinien Ier.
La ville de Venise a été fondée vers la fin du VIe siècle par des habitants des régions voisines venus se réfugier en nombre dans les îles de la lagune formée par l'estuaire du Pô après l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards en 568. En effet, cette zone marécageuse était restée sous la juridiction de l'exarchat de Ravenne, donc en dépendance théorique de l'Empire romain d'Orient. Elle fut donc un avant-poste de la civilisation byzantine, mais au fur et à mesure de son développement, la volonté d'autonomie s'accrut jusqu'à aboutir à l'indépendance.
La faiblesse de l'exarchat de Ravenne face aux Lombards favorisa l'émergence d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge », Paolucio Anafesto (697-717), personnage aux confins de la légende et de l'histoire. La ville de Venise ne devint réellement indépendante qu'après le départ des Byzantins d'Italie du nord. La cité-État s'appuya sur la mer pour étendre son pouvoir.
Le dynamisme commercial entraîna une forte croissance de la ville. Il fallut conquérir des terres sur l'eau pour étendre la surface urbaine. Au XIVe siècle, Venise était le plus important port de Méditerranée et sûrement du monde.
Après environ 1000 ans d'indépendance, Venise fut conquise par Napoléon Bonaparte le 12 mai 1797, durant la première coalition. L'invasion des Français mit ainsi un terme au siècle où Venise connut l'apogée de son rayonnement, en devenant la ville européenne la plus élégante et raffinée du XVIIIe siècle, avec une forte influence sur l'art, l'architecture et la littérature. En revanche, Napoléon fut perçu comme une sorte de libérateur par la population juive de Venise. Il supprima les barrières du Ghetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs.
À la fin de l'époque napoléonienne, Venise devint partie intégrante du royaume d'Italie, sous l'autorité autrichienne, par la ratification du Traité de Campo-Formio en octobre de cette même année 1797.
L'Autriche remit la Vénétie à l'Italie le 3 octobre 1866 pour la remercier de son soutien dans la guerre qui l'opposa à la Russie. Venise depuis n'est plus qu'un chef-lieu de province au sein de l'Italie.
Géographie et transports Les principales autres îles de la lagune sont : le Lido, Murano, Burano, Torcello. Sans oublier : San Michele (l'île cimetière de la ville), San Erasmo, Mazzorbo, Le Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San Servolo, San Lazzaro degli Armeni, Giudecca.
La ville est parcourue par plus de 160 canaux et s'étend sur cent dix-huit îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et du Piave (au nord). Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les divers bateaux sont l'unique moyen de transport avec la marche à pied. Venise est une ville contre nature, constatait déjà Chateaubriand.
Au XIXe siècle, un pont ferroviaire relie Venise au continent et une gare y est construite. Au XXe siècle, une liaison routière fut également établie, menant à un grand parking en périphérie nord. Malgré ces aménagements, Venise demeure au XXIe siècle la seule ville de taille importante à être libre d'automobiles et de camions. Le transport individuel traditionnel est la gondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements). Son coût est en effet prohibitif. Les Vénitiens utilisent surtout des bateaux-autobus, appelés vaporetto, qui desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux. Il existe également nombre d'embarcations privées. Les seules gondoles non motorisées encore fréquemment utilisées sont les traghetti, des bacs pour piétons qui traversent le Grand Canal à quelques endroits dépourvus de pont.
Venise est desservie par l'aéroport international Marco Polo, en l'honneur de cet ancien et célèbre citoyen vénitien. L'aéroport est situé sur le continent et a été reconstruit à l'intérieur des terres, de sorte que les visiteurs doivent prendre le bus puis un bateau-taxi ou un bateau-bus pour se rendre dans la ville.
L'avenir de Venise Les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois, qui traversent plusieurs couches d'argile et de sable. Les fondations reposent sur ces piliers, et les bâtiments de brique et de pierre d'Istrie sont construits au-dessus. Ils sont exposés à la menace de marées, notamment entre l'automne et le début du printemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les vénitiens appellent acqua alta.
Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine :
la montée générale du niveau des mers (eustatisme) ;
l'affaissement du sol (subsidence) : d'importants puits ont été creusés au XXe siècle pour pomper dans la nappe phréatique, ce qui a fragilisé les terrains déjà instables ;
les perturbations dans l'hydrographie : la modernisation du port a entraîné le creusement de chenaux profonds pour permettre le passage de gros navires. La mer s'engouffre ainsi beaucoup plus facilement dans la lagune. Outre le phénomène des acque alte (les inondations vénitiennes), l'autre impact est la modification du système écologique, la disparition de la biodiversité marine.
enfin, depuis la chute de la République (en 1797), l'habitude (en fait une obligation que faisait respecter la Magistrature des Eaux qui existe encore en tant qu'institution chargée de surveiller tout ce qui a trait à l'eau) pour les vénitiens, de nettoyer les canaux pour les désenvaser et les vider s'est perdue ce qui a réduit la profondeur de ces canaux du centre historique. Depuis quelques années, la municipalité fait procéder de nouveau à ce curage qui permet d'ores et déjà de contribuer à la baisse du niveau des eaux dans certains quartiers, les canaux retrouvant leur pleine capacité sont mieux à même de contribuer à la diffusion des eaux.
Une inondation place Saint-MarcLes conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'en suit de produits nocifs à la pierre et à la brique.
On ne sait pas mesurer avec précision l'affaissement de Venise, et son évolution est un sujet de controverse. La dernière initiative, initiée par un consortium d'industriels italiens, consiste à poser 79 portes mobiles dans les trois passes de la lagune pour protéger la ville. Ces portes, en temps normal, seraient remplies d'eau et lors des marées supérieures à un mètre, elles évacueraient cette eau en faisant pénétrer de l'air, ce qui aura pour conséquence de dresser les portes. Ainsi la lagune sera séparée de la mer par une véritable barrière.
Le projet, nommé MOSE (Module expérimental électromagnétique) a démarré en 2003 et les travaux doivent se poursuivre jusqu'en 2011. Il suscite aujourd'hui de nombreuses polémiques notamment au vu de son coût pharaonique et du doute de plus en plus répandu parmi les scientifiques et les spécialistes des marées sur l'efficacité effective de ce système qui ne serait réellement utile que pour les très grandes marées.
Source : Wikipedia